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L'éminence grise
7 juin 2016

La Finlande veut se mettre au revenu universel

Le gouvernement de centre droit envisage de verser à chaque citoyen un revenu de base de 800 euros, sans considération de richesse ni d’âge. En contrepartie, toutes les prestations sociales seront supprimées. Pauvres ou riches, un revenu versé à tous, sans condition, ni contrepartie ? C’est ce que vient d’annoncer le gouvernement de centre droit du Premier ministre finlandais, Juha Sipilä. Une promesse de campagne qui pourrait voir le jour dès 2017 : chaque Finlandais pourra alors percevoir une allocation mensuelle quels que soient ses revenus. Par cette mesure de dimension universelle, le gouvernement entend lutter contre une pauvreté toujours plus importante et contre une explosion des prestations sociales. Alors qu’une quatrième année de récession se profile, le taux de chômage des Finlandais va de record en record, dépassant désormais la barre symbolique des 10% de la population active. Et se serait, à en croire le gouvernement qui n’a jamais caché qu’il appliquerait des politiques d’austérité, l’ensemble des prestations sociales qui seraient supprimées en contrepartie de cette allocation mensuelle dont le montant pourrait atteindre les 800 euros. Les modalités exactes de cette allocation sont étudiées par des experts. Ils doivent soumettre au gouvernement de droite courant 2016 leurs propositions sur le montant adéquat et sur les réformes de la fiscalité et de la protection sociale qui accompagneraient cette allocation universelle. Les interviews de Philippe Van Parijs (université de Louvain), qui vante les bienfaits du revenu universel, et de Jean-Marie Harribey (Economistes atterrés, Attac), qui y voit un risque d’individualisme. Traditionnellement défendue par la gauche, l’idée figurait dans le programme électoral de Juha Sipilä, qui a remporté les législatives en avril. Elle est soutenue par une bonne partie de la classe politique finlandaise. Mais surtout, par une large majorité de la population. Selon un récent sondage commandé par la Sécurité sociale finlandaise, 69 % des Finlandais seraient favorables au principe du revenu universel. Au cours de sa campagne électorale, Juha Sipilä avait annoncé que le pays devrait d’abord procéder à une expérimentation avant d’étendre éventuellement la mesure à l’ensemble du pays. «La situation de la Finlande est si grave que nous avons besoin du courage d’expérimenter des solutions nouvelles», disait-il en 2014. Car ces nouvelles mesures pourraient bien se traduire par une baisse du pouvoir d’achat des Finlandais les plus démunis. Nombre d’observateurs soulignent que ces 800 euros ne permettraient que de vivre très chichement. La Finlande, qui par ailleurs s’apprête à organiser un grand débat parlementaire sur la question de la sortie de la monnaie unique, reste un des pays dont le coût de la vie est le plus élevé de la zone euro. Selon l’Institut statistique national, un ménage dépense en moyenne 3 000 euros par mois, et le revenu net disponible moyen est d’environ 2 100 euros par personne selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Le gouvernement est favorable à l’austérité sociale, moins coûteuse pour les finances publiques. Les sondages, majoritairement favorables à cette mesure, ne disent pas les motivations profondes des sondés. Ainsi, impossible de savoir si ceux qui se disent prêts à changer de système le sont dans l’espoir de diminuer leurs impôts ou simplement par élan de solidarité envers ceux qui subissent de plus en plus les effets d’une crise économique qui n’en finit pas. Avant d’acter la généralisation du principe début 2017, le gouvernement finlandais a prévu de mener une expérimentation sur un groupe limité de citoyens qui devraient, selon les premiers calculs, percevoir un revenu de 550 euros par mois. L’idée d’un revenu d’existence versé à tous n’est pas nouvelle. La paternité de ce mécanisme de redistribution revient en fait à Thomas Paine, à la fin du XVIIIe siècle. Militant pour l’indépendance des colonies britanniques d’Amérique du Nord, cet Anglais devenu Américain, qui fut aussi député de la Convention en France, plaide pour un plan «capable d’améliorer la situation générale de tous les hommes». Selon lui, chacun d’entre nous doit une partie de sa richesse aux gigantesques efforts d’accumulation des savoirs, des équipements d’infrastructures légués par les générations précédentes. Rien de plus normal dans ces conditions, qu’une part des revenus individuels issus de la société, et non uniquement des talents de chacun, soit redistribuée à l’ensemble des membres d’une même société.

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